
Des fraises à Noël, du raisin à Pâques?
Il y quelques jours, dans un groupes de frères franciscains, quelqu'un a dit : « terminons notre rencontre avec une prière ». Et un autre a répondu : « Alors, chantons le Salve Regina ». Je n'ai pas pu m'empêcher de réagir en disant : « Dans cette période de l'année liturgique, on chante l' « Alma Redemptoris Mater ». Un frère m'a envoyé balader : « non, nous sommes dans le temps ordinaire ». Je me suis permis alors de préciser : « On chante l'Alma Redemptoris Mater » du 1er dimanche de l'Avent au 1er février, et ensuite, c'est l' « Ave Regina Celorum »... Il a encore ajouté : « Ca, c'était avant le Concile ». Un autre frère s'est agacé en disant : « Peu importe ce qu'on chante, mais chantons quelque chose. »
Il n'avait pas tort : la priorité, c'est d'abord de prier... Mais cette petite altercation m'a fait réfléchir. Suis-je « pinailleur » en matière de liturgie ? Suis-je traditionaliste ? ». Et je me suis défendu en moi-même : « Mange-t-on des fraises au mois de novembre, ou des myrtilles au mois de janvier ? » Bien sûr, on peut aujourd'hui trouver tous les fruits et légumes du monde à toute les périodes de l'année. Mais les tomates poussées sous serre en février, ce n'est quand même pas génial.
Il est donc important de retrouver le sens de ce qui apparaît a priori comme une règle un peu arbitraire. Lantiennes mariales sont situées dans les temps liturgique : au temps de Noël, avec l' « Alma », nous chantons : « Toi qui a engendré... » ; à partir du 2 février, jusqu'à Pâques, c'est l' « Ave Regina Caelorum » qui chante: « Salut, porte d’où la lumière s’est levée sur le monde ! » en se souvenant du vieillard Syméon quand il accueille le Christ au temple qui est la « Lumière qui se révèle aux nations » ; à partir de Pâques, c'est naturellement « Regina Caeli » qui célèbre « Resurexit, sicut dixit », c'est-à-dire « il est ressuscité comme il l'a dit ». Et après la Pentecôte, c'est le « Salve Regina ».
Alors, entre le « pinaillage » liturgique et le traditionnalisme, il y a un juste milieu à trouver. Bien souvent, on accorde de la place à la prière, mais on oublie un peu la liturgie. C'est dommage.